Consacré au groupe de musique industrielle Throbbing Gristle (1975-1981) et au quartier londonien de Hackney, Atrocity Exhibition est une enquête photographique et paysagère qui tente, plus de trente ans après la dissolution du groupe, d’en faire discrètement revenir le fantôme.
Si la musique rugueuse et inconfortable du groupe britannique Throbbing Gristle fut dès l’origine qualifiée d’industrielle, ce n’est pas simplement parce que, comme ont pu le souligner les intéressé·e·s elles·eux-mêmes, elle reflétait la brutalité de leur environnement immédiat : le quartier londonien où iels avaient élu domicile dès 1973, Hackney, alors fortement dégradé. C’est également, et peut-être plus encore parce que, comme l’a formulé de manière énigmatique le chanteur et parolier du groupe, Genesis P-Orridge, en ouverture du premier concert officiel de Throbbing Gristle à l’I.C.A. (Londres), il y est d’abord et fondamentalement question du « post-effondrement de la civilisation ».
Faisant l’hypothèse, plus de trente ans après la séparation du groupe, qu’Hackney est toujours porteur de signes susceptibles de faire écho à l’univers culturel et artistique de Throbbing Gristle – et d’éclairer ainsi les tenants et les aboutissants de cette formule radicale à partir de laquelle s’est définie la pratique et les productions musicales ou visuelles de ce groupe – Benoit Grimbert a réalisé dans ce quartier une série de vingt photographies. Se jouant de l’évidence du caractère indiciel du médium photographique et convoquant une théorie du signe non représentatif, ces photographies sont accompagnées de citations d’origines diverses, supposées évoquer l’horizon invisible de chacune d’entre elles.
Cette série de 20 photographies constitue le volet plastique d’une thèse de création en Arts plastiques et photographie menée à l’Université Paris 8 Saint-Denis (EDESTA/AIAC) sous la direction de Catherine Perret et Jean-Philippe Antoine.
Benoit Grimbert
Né en 1969, Benoit Grimbert est un artiste privilégiant le médium photographique et le support éditorial. Inscrite dans l’espace de la ville, sa pratique en interroge les formes et les mutations. En 2004-2005, il a répondu à une commande sur les paysages de la Reconstruction en Normandie (Normandie, Le Point du Jour, 2006). En 2008, sa série A406, North Circular Road décrivant les abords du périphérique nord de Londres est exposée à l’ENSA Paris-Malaquais dans le cadre du Mois de la photo à Paris. Parallèlement à cette exploration documentaire du paysage urbain et péri-urbain, il développe depuis 2010 une approche plus métaphorique de la ville, laquelle se déchiffre dès lors à travers le filtre d’une figure issue du champ de la musique « pop ». Entamant dans ce nouveau contexte une collaboration avec l’éditeur Bartleby & Co. (Bruxelles), il s’est ainsi intéressé au chanteur du groupe Joy Division, Ian Curtis (Lips that would kiss, 2011), à David Bowie (Neuköln « Heroes », 2013, en collaboration avec Hannah Darabi), ou encore à la chanteuse allemande Nico (Nuclear Winter, 2018). Il travaille actuellement à un projet éditorial en lien avec Jim Morrison et la Californie des années 1960.
En partenariat avec l’Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis