Le Cyborg : transferts Etats-Unis-Japon

LE CYBORG : TRANSFERTS ETATS-UNIS-JAPON 

La cybernétique est fondée aux États-Unis au cours de la Seconde Guerre mondiale pour accélérer le développement de dispositifs militaires capables d’accélérer la fin du conflit. Elle pose à cette occasion des homologies problématiques, entre neurones et transistors, mémoire et stockage, qui ont structuré durablement la pensée, jusqu’à l’époque contemporaine. Elle est à l’origine de l’émergence de l’informatique et de la robotique. En 1960, alors que la conquête spatiale a été lancée quelques années plus tôt, le neurophysiologiste Manfred Clynes et le psychiatre Nathan S. Kline, suggèrent possible la colonisation de l’espace par la création de cyborgs(cybernetic organisms) : ils envisagent de croiser l’être humain à des machines, pour permettre l’adaptation de son homéostasie à des contextes extraterrestres. Auteurs et réalisateurs de science-fiction se sont emparés de cette figure issue de la prospective afin de parer les nouvelles formes de domination qu’ils craignaient de voir s’abattre sur l’évolution anthropologique : ils donnèrent naissance au registre cyberpunk. Le rôle de plusieurs cybernéticiens dans la mise en œuvre du projet Manhattan, qui a abouti à la création de la bombe atomique, a exacerbé la satire des auteurs japonais, concernant le développement technologique des cyborgs. Quelles parentés lient des œuvres littéraires comme celles de Philip K. Dick, William Gibson, et graphiques comme celles de Katsuhiro Ōtomo ou Masamune Shirow ? Quels transferts visuels s’opèrent entre Blade RunnerAkiraGhost in the ShellTetsuo ou Matrix ? Un dialogue s’est construit de part et d’autre du Pacifique, avec pour mémoire l’attaque nucléaire sur le Japon, et l’espoir de pouvoir conjurer une nouvelle catastrophe.

Donatien Aubert, artiste  diplômé de l’ENSAPC, intervenant dans le cadre du programme Kepler, et chercheur dans le programme Spatial media de l’EnsadLab et en Humanités numériques au sein du Labex OBVIL de Paris IV.