Les nouveaux·elles doctorant·es à l’ENSAPC

Marielle Chabal (photo © Mathew Oliver), Juliano Nunes Caldeira (photo © Nadia Ermakova), Maxime Riché (photo © Fabien Fourcaud).

 

Après un parcours littéraire à Hypokhâgne-Khâgne, Sciences-Po, Marielle Chabal a étudié à la Villa Arson (Nice) et obtient un master au Royal College of Arts (Londres). Elle participe à de nombreux programmes de résidences en Norvège (NKD, Sandness, Fordypningsrommet, AiR-Bergen), en Palestine (El Atlal), en Angleterre, en Inde et en France (la BOX, la Synagogue de Delme, la Cité Internationale des arts, la Fondation Fiminco) et de nombreux programmes de recherche : le Post-diplôme de Lyon, le programme de recherche de la Jan Van Eyck Academie, SPEAP à Science-Po Paris et Artec à Paris 8. Son travail plastique a fait l’objet de nombreuses expositions en France et à l’international (40Mcube, Palais de Tokyo, Centre Pompidou, Biennale Nova XX au Centre Wallonie Bruxelles…).

Elle anime actuellement le séminaire « Imaginaires politiques » à l’ENSAPC, et y mène en parallèle son projet de thèse [1] intitulé : Des fictions agissantes : l’expérience du Programme OPP-OPS, une cabale insulaire pour un bouleversement idéologique.

☛ « L’objectif de cette recherche est d’étudier l’agentivité des fictions spéculatives sur lesquelles repose mon travail depuis une quinzaine d’années, à travers la notion de « fictions agissantes ». Cette recherche explorera le champ de la théorie de la fiction, celui du pragmatisme spéculatif, de la littérature d’anticipation et s’adossera à une fiction spéculative co-élaborée : le Programme OPP-OPS (OPPerste OPStand : Insubordination Idéale, en néerlandais). Pour se construire, le projet du programme OPP-OPS met en symbiose différentes disciplines à l’intérieur même de la fiction, par un jeu de rôle impliquant une dizaine de chercheur·euses en pédagogie, psychologie, économie, génétique, biochimie, pensée dé-coloniale et architecture du paysage. La fiction suppose que le programme OPP-OPS, lancé à partir de 1988, a isolé et engendré plusieurs générations d’enfants sur une île, dans le but d’éduquer, hors de l’influence du monde, leur sensibilité aux fondations éco-cidaires de nos dispositifs sociétaux, afin de les rendre capables de les déconstruire. Iels sont formé·es à devenir les maillons de la reconstruction d’une société fonctionnelle, égalitaire et respectueuse des écosystèmes planétaires. Il s’agira d’étudier la capacité de la fiction à transmettre non seulement des recherches en acte et leurs résultats, mais surtout à infuser le « réel » par l’imaginaire collectif. […]. »

 


[1] Sous la direction de Anne-Marie Petitjean (Professeure des Universités, CY Cergy Paris Université), Claudia Triozzi (artiste et enseignante, Ensapc) et Nancy Murzilli (Professeure des Universités, Université Paris 8).

Juliano Nunes Caldeira est né en 1981 à São Domingos do Prata, MG, Brésil. Diplômé à l’EBA-UFMG du Bachelor d’Arts Visuels spécialité Peinture en 2004 et du DNSEP à l’ENSA-Bourges en 2007, il est artiste et professeur aux Ateliers Beaux-Arts, ainsi qu’aux Classes Préparatoires de Glacière de la Ville de Paris. Dans sa pratique de la peinture, la présence de figures hybrides, voire monstrueuses, a toujours été une constante. Il explore l’hybridation et métamorphoses des formes et de l’espace, niant toute forme de narration et privilégiant la question de la présence. Il fait usage de plusieurs formes d’altération de l’image dans son processus de création afin de donner forme à ses modèles. Aujourd’hui, il explore les intersections possibles entre l’usage des IA et les processus de création en peinture. Il a participé à des nombreuses expositions collectives et personnelles en France et au Brésil, en collaborant notamment avec des centres d’art et des résidences d’artistes.

Il mène actuellement un Doctorat par le projet en Art [1] au sein de l’EUR Humanités, Création et Patrimoine, en partenariat avec l’ENSAPC. Son projet de thèse s’intitule : La Métamorphose du Monde : La figuration entre le grotesque et le monstrueux, plus précisément dans la peinture, à l’aube de l’intelligence artificielle – entre merveilles, métaphores visuelles et dystopies contemporaines.

☛ « Mon projet s’intéresse aux métamorphoses visuelles et à la résurgence du merveilleux dans la figuration, avec l’apparition des intelligences artificielles. Il se construit autour de la création d’une série de peintures, dessins et vidéos exploitant des failles des IA capables de générer des images statiques ou en mouvement. En mêlant l’apprentissage des IA avec mes propres sources d’images, cela donne naissance à des figures hybrides, voire monstrueuses, qui me servent de modèles pour la peinture. Mon objectif est de m’emparer des dérives découlant de l’utilisation des IA dans la création des images, afin de leur donner un corps par la peinture, qu’il soit symbolique, métaphorique ou allégorique. Je souhaite questionner le rapport que nous entretenons avec ce nouveau régime d’images, leur potentiel de transformation de notre éducation visuelle et de notre monde sensible, à travers la transmutation et la distance critique que la création artistique procure. En la poussant vers son devenir-monstrueux en la détournant de ses fonctions premières, je souhaite introduire les « failles » de l’IA dans mon processus de création plastique et ainsi soulever des questions sociétales, morales et éthiques intrinsèques à son utilisation dans le monde physique, dans notre psyché et dans nos vies en voie d’algorithmisation. Métaphores de nous-mêmes et des dérives de notre envie de puissance, le monstre a toujours été le reflet inversé de l’humanité dans l’histoire des images. Ainsi comme le monstre, en s’échappant aux lois de la nature – ou de sa propre nature fonctionnaliste, son propre apprentissage ou code − l’IA remet en cause nos notions de réalité, de véracité et du vivant. »

 


[1] Sous la direction de Rémi Astruc (CY, Héritages)

Maxime Riché a étudié l’ingénierie et les sciences de la vie, avant de s’engager dans la pratique photographique et la recherche liée à sa matérialité. Concerné par l’impact écologique de la photo, il initie en 2010 le projet Climate Heroes, une ONG qui regroupe des initiatives citoyennes visant à réduire nos émissions carbone. Ce projet est devenu un mouvement collaboratif avec des photographes contributeur·ices basé·es dans plusieurs pays. Il utilise la photographie et le film pour étudier la notion de « limite » dans nos sociétés modernes, et son déni pour satisfaire nos exigences plus ou moins essentielles. Ses travaux ont été exposé au Grand Palais (Paris, 2015), Itinéraires des Photographes Voyageurs (Bordeaux, 2016) et au Cui Zhenkuan Museum (Xi’an, Chine, 2016) pour la première rétrospective de 30 ans de photographie en Chine. Son travail est régulièrement publié dans des titres internationaux comme Forbes, GEO, Le Monde et Wired.

Il mène actuellement un Doctorat par le projet à l’ENSAPC [1] intitulé : De la zone critique aux zones sensibles. Le rôle de l’artiste chercheur dans le récit de l’habitabilité de la planète.

☛ « Ce projet de thèse s’appuie sur le concept de « zone critique » en géosciences :  pour prendre soin de cette zone fragile, les scientifiques appellent de leurs vœux depuis des décennies la contribution des artistes. Cette recherche observe comment faire émerger des « zones sensibles » : modes de représentation artistiques qui permettent à chacun·e de faire sien les enjeux liés à l’habitabilité de la zone critique et quel peut être le rôle de l’artiste-chercheur·euse dans ce processus. On s’appuiera sur une production photographique centrée sur deux sites forestiers remarquables qui incarnent la zone critique, issus de ce qui fut la plus importante forêt européenne et dont les vestiges sont classés à l’UNESCO. La production photographique re-matérialisera le lien disparu avec cette forêt, par des marqueurs culturels qui serviront à composer de nouvelles fables visuelles, des portraits intimes et merveilleux de ces biotopes. »

 


[1] Sous la direction de Rémi Astruc (Professeur des Universités, CY Cergy Paris Université), Véronique Dassié (chargée de recherche à Héritages CY Cergy Paris Université-CNRS – Ministère de la culture) et Raphaële Bertho (Maîtresse de conférences, Université de Tours).