LES FEMMES DANS L’ART
Carole Boulbès et Corinne Le Neün
Invitées : Camille Morineau, Marianne Derrien
Dix-sept ans après l’exposition Femmes@centrepompidou qui changea la perception de l’art en France, on s’interrogera sur la place actuelle des femmes dans l’art et la société, leurs rapports à l’autorité et aux institutions en donnant la parole à des historiennes de l’art et des artistes invitées à venir partager leurs expériences.
Lors du séminaire, on lira et analysera un corpus de textes et d’images qui soulèvent des problèmes théoriques, critiques et politiques. On prévoit également des visites d’ateliers.
Nous partirons de diverses publications d’histoire de l’art et d’esthétique (catalogues, essais critiques, oeuvres) et du site Internet AWARE (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions). Ce centre de ressources virtuel a été co-fondé en 2014 par Camille Morineau, historienne de l’art spécialiste des artistes femmes. Le site est couplé à un espace de documentation à Paris et à un lieu de résidence. Nous y suivrons notamment le travail de deux alumni qui ont quitté l’ENSAPC récemment : Park Chae Biole et Park Chae Dale du collectif Nest.
MANIÈRES DE FAIRE, FORMES D’ÉNONCIATIONS
Alejandra Riera, Nicolas Feodoroff (critique et programmateur de cinéma) + 1 invité·e surprise
Partenaires : CNAP, collection filmique, LE BAL
L’énonciation convoque au moins deux personnes, celle qui adresse son énoncé et celle qui le reçoit, la destinatrice. Comment penser de manière plus approfondie cette relation qui rend « actrice » la personne qui reçoit l’énoncé ? Quelles formes d’énoncés sont pertinents ou nous aident dans des situations d’urgence, de guerre, ou dans ces circonstances où communiquer avec l’autre est une nécessité ? Quelle éthique concerne cette adresse ? Puisque l’énonciation se déploie comme un dispositif de légitimation ou d’interrogation de son propre espace, quelles sont les formes d’énonciation dans vos tentatives filmiques ?
Manières de faire reprend cette année sa ligne de recherche par l’étude des « formes d’énonciation » dans le langage filmique. L’idée est de vous pousser à penser cette question, car cette dernière contient le souci de l’adresse, d’une considération de celui ou celle pour qui, proche ou lointain·e, on fait ce que l’on fait. Ainsi, penser à l’énonciation, au sein d’une pratique filmique ou engageant l’image-mouvement, va nous mener à nous plonger de manière très précise dans à la circonstance à qui déclenche, héberge l’énonciation. Quelles sont les circonstances qui permettent de communiquer, lesquelles moins, et comment les réinventer, ou résister, quand il est difficile voire impossible de communiquer ? La question du point de vue et point d’écoute sera posée : qui parle, au sens large, (la parole étant de fait un mode d’expression parmi d’autres), de qui on parle ou à la place de qui, à qui laisse-t-on la parole et sous quelles conditions ? Comment arrive-t-on à faire de la place pour que d’autres prennent la parole sans que celle-ci leur soit donnée ? Les instances peuvent être humaines ou non-humaines, ce qui ouvre à d’autres « perspectives » et nécessite de mener une forme de décentrement.
OBLIQUES, POÉSIE VISUELLE, UNE APPROCHE PLASTIQUE DU TEXTE
Enseignantes responsables : Alejandra Riera – Carla Adra
Invité·es : Agnès Thurnauer, Oulimata Gueye, Gabriela Kravietz, Laurence Vidil (voir workshop GESTE VOCAL)
Qu’est-ce que la réalité et le devenir de l’écrit dans une oeuvre plastique ? Cet ARC et ligne de recherche, propose une exploration de l’écriture comme matière plastique. L’idée est de se déplacer dans les formes : visuelles, sonores, performatives, intuitives, asémiques, brutes. L’écriture devient ici geste, rythme, formes-de-vie, présence, pratique po.tique, empreinte.
Si nommer n’est pas montrer, comment opérer ce passage entre l’écrit et sa forme de présentation ? « Où reste ce qui ne rentre pas dans les mots ? », écrit l’artiste Eva Lotz. Comment penser la matérialité de l’écriture et le lieu où elle s’inscrit plastiquement, pierre, bois, terre, argile, corps, parchemin, métaux, peaux, papier, murs, vases, eau, sable…, poussière ? On s’intéressera à l’acte d’écrire au sens large : écrire, comment ? Comment écrire sans écrire ? Écrire sa vie, ou plutôt : comment faire trace ? Comment faire exister quelque chose de l’ordre de l’écrit sans nécessairement passer par “le texte” ? Comment faire entendre l’existence d’autres écritures-sans-écrits ? Celles végétales par exemple et leur « discours sans voix », leur « art d’écrire sans écriture », celle des dites analphabètes, celles révées ? Écrire plastiquement implique non seulement des corps et des mains pensantes mais une interaction et observation attentive du monde qui nous entoure. Comment encore créer un temps à l’intérieur du temps pour penser une écriture-lecture des événements avec nos moyens, langues et outils plastiques qui prennent soin de soi et du monde ?
TROUVER LE CHEMIN DANS CHACUNE DES ALLÉES QUI OBLIQUENT
Enseignant·es responsables : François Aubart et Jagna Ciuchta
Invité·es : Clara Pacotte, Hélène Giannecchini
On associe souvent la pensée queer à une méfiance vis-à-vis des essentialisations et des normes qui définissent les sexualités ainsi que les genres selon des critères immuables, définitifs. Elles ont aussi une grande influence dans nos façons d’agir, dans nos interactions et dans nos activités quelles qu’elles soient. C’est cela que nous voulons approcher durant ces séances, le désordre actif comme motivation, ce que les pratiques queer nous font lire, ce que les théories queers font à la pratique.
Peut-on inventer des méthodes méfiantes des catégories ? Comment formuler des alternatives qui ne se solidifient pas ? Comment mettre en lumière des voix tues sans les éteindre ? Voilà quelques-unes des questions que nous aimerions explorer. Sans programme préalable, porté·es surtout par un désir de partage et de découverte, nous voudrions d’abord discuter ensemble de théories et de recherches qui nous passionnent, de celles qui nous seront présentées par les étudiant·es impliqué·es et par quelques invité·es. Ces échanges permettront, nous l’espérons, de réunir un matériau et des pistes pour réaliser, l’année prochaine, un projet de
publication.
Le nom de cet Ligne de recherche / ARC est une citation du livre de Monique Wittig « Le Corps lesbien ».