La parcelle, 14 novembre 2023, négatif, archives lieux-passerelles, entours.
Exposition collective du 5 février au 17 mai 2025
Vernissage le 1er février 2025, de 17h à 21h
Avec : Lorena Almario Rojas, Dylan Altamiranda, Emma Bougaeff, Paul Caillard, Lou Dalifard, Emma Fleury-Cancouet, Kwama Frigaux, Elias Galindo Lopez, Louise Guegan, Myriam Houri, Lou-Pepita Iribarne-Carpentier, Soli Jeon, Yeongseo Jee, Shumeng Li, Gaëtane Martinot, Luciano Ortiz, Elea Roussel, Camille Simon Baudry, Greta Tessitore, Yu-Wen Wang.
Sur une proposition de : Alejandra Riera, Laurence Vidil, Samuel Garland et Nicolas Charbonnier.
La langue du rêve n’est pas dans les mots, mais sous eux. Dans le rêve, les mots sont des produits aléatoires du sens qui, lui, se trouve dans la continuité muette d’un flux. Dans la langue du rêve, le sens est caché à la manière d’une figure dans un dessin-devinette. Il est même possible que l’origine des dessins-devinettes soit à chercher dans cette direction pour ainsi dire comme sténogramme du rêve.
Walter Benjamin, « La langue du rêve », [GS II, p. 601 ; 1916/1917], dans «Walter Benjamin, Rêves, Le Promeneur», imprimé à Floch à Mayenne en 2019.
De l’automne 2020 à l’hiver 2024, nous avons rencontré un lieu que nous avons nommé, assez vite : la parcelle [1]. Se concentrer sur ce qui était peu observé —une parcelle de terre délaissée, peuplée en arbres et végétaux qui poussaient inlassablement autour des grilles de deux terrains de tennis à l’accès libre, et même sur les sols d’un parking entrecoupé par les longues allées des tilleuls—, a permis de créer un temps autre, presque suspendu, rêvé. Et d’approcher en même temps l’existence et la réalité propre de ce lieu-parcelle, tout comme celle de son passé paysan, d’une terre d’un village rural enseveli sous une cité administrative. Nous avons ainsi arpenté à différentes saisons de ces quatre années, ses quelques 7000 m² de terre où le coucher du soleil pouvait encore être apprécié depuis le parc adjacent et où les ombres d’arbres —des plus anciens au plus jeunes—, procuraient leur fraîcheur.
Arbres témoins, empreintes face et revers d’un arbre, après les incendies de mai 2023, sur le chemin de Walter Benjamin lors de son exil en septembre 1940, à Portbou, archives lieux-passerelles, entours, 2020-2024.
Cette parcelle de terre a été pour nous le lieu d’une réelle expérience de rencontres et d’imaginaires. Nous l’avons approchée par des gestes issus d’une écoute attentive, sensible et tactile en tissant des relations avec elle. Nous avons tenté, à l’écoute du philosophe Walter Benjamin qui a pu écrire que « la construction (ou la tâche) historique » à laquelle il faut se consacrer, est celle « d’honorer la mémoire des sans-noms », de nous donner la tâche d’éclairer poétiquement sans fixer, les présences sur cette parcelle, souvent impliquant un ici et un ailleurs. Tâche bien différente de celle qui s’est appliquée à nommer pour classifier, séparer, hiérarchiser la réalité qui nous entoure. Dans cet élan nous avons tracé une passerelle entre la parcelle telle que nous l’avions connue, et la cour minérale d’une école d’arts, bien avant qu’elle ne déménage dans le bâtiment en construction qui allait prendre place sur sa terre avec son chantier. Dans cette cour d’école nous avons apporté un noisetier et créé des îlots végétaux qui ont peu à peu poussé grâce à des gestes collectifs là où seul un cerisier du Japon périssait par manque de place et isolement. Puis, nous questionnant sur la possibilité de trouver encore un lieu qui serait lui aussi une parcelle de terre et de mémoire, nous avons choisi de partir jusqu’à la ville frontalière de Portbou en Espagne, lieu de l’exil de Walter Benjamin et où il amena ses derniers écrits jamais retrouvés sur le concept d’histoire.
Une ligne de désir s’est ainsi esquissée réunissant la parcelle, ces îlots végétaux et le cheminement et la pensée de Walter Benjamin. Nous avons dans ces moments là réfléchi et ressenti les évènements qui les traversaient : de l’abattage des arbres sur la parcelle en plein été 2024, aux incendies d’hectares de forêt à la frontière franco-espagnole à Portbou en mai 2023, à l’exil de Walter Benjamin en 1940 et à la précarité du vivant qui est la nôtre aujourd’hui. Ainsi aux gestes de prédation ou de destruction humaines, nous avons préféré insuffler des gestes de vie partagée et de reconnaissance des liens humains-non-humains autour de ces trois lieux choisis.
Sur le chemin de Walter Benjamin, empreinte d’eucalyptus après les incendies de mai 2023, archives lieux-passerelles, entours.
L’archive que nous déplions dans l’espace du Centre d’art Ygrec – ENSAPC, avec ses formes différentes et ses temporalités lentes et successives en écho aux éclats et diffractions de nos passages, tâtonnements, trouvailles et réflexions autour de ces trois lieux, se veut vivante et multiple comme autant d’apparitions de la mémoire. Elle reprend ainsi la forme d’une archéologie mouvante qui s’est constituée peu à peu de 67 dessins-empreintes d’écorces d’arbres sur tissus de la majorité des arbres plantés et vivant sur la parcelle avant le chantier de l’été 2024, et ceux rencontrés dans les montagnes sur le chemin menant à Portbou et prélevés par nos mains. Faire empreinte ensemble était pour nous faire parler l’existence de tous ces arbres, et s’autoriser à rêver que bâtir puisse se faire autour de ces arbres et de leur droit à exister et à arriver à maturité.
En faisant l’expérience du frottage des écorces, nous avons pu aussi rencontrer la singularité de chaque entité-arbre, et avons réalisé qu’il est impossible de rendre visible l’entièreté des traits de chaque écorce. Comme un visage, une écorce n’est pas une image. Elle est vivante et déborde d’elle-même car elle abrite aussi d’autres vies en elle. Au contact direct avec le relief de chaque écorce, nos mains nues ont pu toucher et osciller dans les parties en creux, celles qui ne se laissent pas imprimer dans les tissus. Celles-ci nous faisant prendre conscience que ces espaces entre les stries visibles du frottage, plus silencieux, invisibles et tactiles, parlent tout autant. L’archive est encore nourrie par les argiles fabriquées à partir de la terre-matrice de la parcelle et par des images et des sons, des formes textuelles, de documents, des films, de performances, l’ensemble devenu des preuves d’existence de ce vivant que nous avons éprouvé à notre hauteur comme les écorces brulées des arbres de la forêt de part et d’autre de la frontière franco-espagnole. C’est là que nous avons compris de près l’alerte, car pas seulement les peaux d’écorces—chacune singulière—, avaient brulé, mais aussi la terre, les brindilles et tout l’écosystème de la forêt par des feux que plus personne ne sait attiser comme antan, par des pratiques ancestrales.
Une structure avec des fragments de bois récupéré de certains arbres de la parcelle, notamment le pin, l’acacia et le tilleul, a été fabriquée collectivement à l’atelier bois de l’ENSAPC. Elle permet à la fois d’accueillir les empreintes d’arbres de la parcelle et d’écouter les mouvements internes et continus de ces bois qui témoignent des conséquences d’un abattage en pleine remontée de sève à l’été 2024, les fragilisant d’avantage, ainsi que des particularités, l’acacia étant imputrescible et le pin plus sujet aux fendillements. Cette structure inclut un protocole de soin pour ce bois blessé, à le nourrir comme nous avons nourri l’archive. Elle a pour vocation de rester au sein de l’ENSAPC comme une petite et étrange bibliothèque qui sauvegarde une partie de son histoire, pour qu’elle puisse être à nouveau pensée et réactivée par des utopies à venir.
Cette exposition est une tentative pour (re)trouver la mémoire, interrogeant la manière d’habiter et de se construire, de cheminer sur chacun de ces trois lieux, pour ne pas oublier et ne pas effacer les imaginaires qu’ils entendent. Cette archive vivante est mouvante et se précisera par des temps d’activations diverses.
Alejandra Riera & Laurence Vidil, janvier 2025.
AGENDA DES ÉVÉNEMENTS
SAMEDI 1 FÉVRIER, de 17h à 21h
Vernissage
Avec les interventions d’Elias Galindo Lopez, Emma Fleury-Cancouët, Kwama Frigaux et Gaëtane Martinot
Préludes aux nids vides, performance d’Elias Galindo Lopez
Durée : 20-30 minutes
Lecture d’extraits de Balayures, anthologie proposée par Kwama Frigaux, lecture par Emma Fleury Cancouët et Kwama Frigaux
Durée : 7 minutes
Lecture d’extraits du Le désir d’une future ligne par Gaëtane Martinot
Durée : 10 minutes
JEUDI 6 FÉVRIER, 16h-19h
Arpentage du livre Qui parle ? (pour les non-humains) d’Aliocha Imhoff et Kantuta Quirós (PUF, 2022) avec les étudiant·es et diplômé·es de l’ENSAPC
« Dans les années 1970, lorsqu’on demandait « qui parle ? », il s’agissait de questionner la légitimité des formes d’autorité, les politiques identitaires, les sciences et leurs procédures, les institutions représentatives et jusqu’à l’histoire du cinéma ou de la littérature. Mais aujourd’hui, à l’âge de l’Anthropocène, la voix silencieuse du monde a rattrapé les humains. Poser la question « Qui parle ? » signifie désormais élargir la scène des savoirs et de la politique à tous ceux qui, parce qu’ils ne disposaient pas de la parole, ne pouvaient y être inclus – animaux, végétaux, objets ou machines. Aliocha Imhoff et Kantuta Quirós répondent à cette question par un manifeste pour une politique du silence qui est aussi bien une cartographie de ses moyens possibles : celle des procédés de traduction, des formes nouvelles de citoyenneté, d’éco-diplomatie, d’attention ou de porte-parolat avec lesquels militants, artistes et penseurs cherchent à donner une voix à ce qui n’en a pas. »
Aliocha Imhoff, Kantuta Quirós, Qui parle ? (pour les non-humains), 4ème de couverture, PUF, 2022
Durée de l’atelier : 3 heures
VENDREDI 14 FÉVRIER, 19h – 21h
Discussions avec Aliocha Imhoff et Kantuta Quirós
Séance d’écoute avec Shumeng Li
Lecture de News Agri avec Emma Fleury Cancouët
Aliocha Imhoff et Kantuta Quirós sont curateur·ices, théoricien·nes de l’art, cinéastes et ont fondé la plateforme curatoriale, Le peuple qui manque, en 2005, qui œuvre entre art et recherche. Kantuta Quirós, née à La Paz (Bolivie), est depuis 2022 maîtresse de conférences à l’Université Paris I. Aliocha Imhoff, né à Paris, est depuis 2021 maître de conférences à l’Université Paris VIII, où il co-dirige le Master Écologie des Arts et des Médias.
Entre vent et voix, séance d’écoute proposée par Shumeng LI
Durée : 20 minutes
Lecture d’extraits de News Agri, recueil de nouvelles agricoles par Emma Fleury Cancouët
Durée : 15 minutes
JEUDI 6 MARS, 19h – 21h
Efface les traces, intervention de Florent Perrier
Projection du film Forêt Latente, vibrations permanentes avec Lorena Almario Rojas et Luciano Ortiz
Efface les traces (titre d’un poème de Brecht analysé par Walter Benjamin) – Intervention de Florent Perrier
Florent Perrier est maître de conférences en esthétique et théorie de l’art à l’Université Rennes 2, membre de l’EA 7472 Pratiques et théories de l’art contemporain (PTAC), chercheur associé à l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC) et aux Archives Walter Benjamin de Berlin. Il a notamment publié Topographies de l’utopie — esquisses sur l’art, l’utopie et le politique (Payot, coll. « Critique de la politique », 2015).
Projection du film Forêt latente, vibrations permanentes de Lorena Almario Rojas et Luciano Ortiz
Durée : 27 min
JEUDI 20 MARS, 17h-19h
Soirée projection #1 – Faire école
Avec Camille Simon Baudry, Yeongseo Jee, Elias Galindo Lopez, Shumeng Li, Lorena Almario Rojas
Soirée de projection réunissant les films des artistes étudiant·es et récemment diplômé·es de l’ENSAPC autour de l’expérience qu’a été cette tentative de faire école à l’air libre. Faire école hors de l’école, un geste qui passe par une attention et une écoute renouvelée envers le vivant.
Avec les films de :
Camille Simon Baudry – Habiter,recevoir, résister, 2021, 21 min, Numérique HD, Son stéréo
Yeongseo Jee – Gestes barrières 울타리 행동, 2025, 21 min
Elias Galindo Lopez – Préludes des nids vides, 2025, 7 min
Shumeng Li – Entre vent et voix, 2025, 10min
Lorena Almario Rojas – Nous cherchons la terre et l’écoute, 2025, 11 min, Numérique
JEUDI 3 AVRIL, 17h-19h
Soirée projection #2 – Quand je chante, mon cri résonne ailleurs
Avec Yeongseo Jee, Louise Guegan, Emma Fleury-Cancouët, Lorena Almario Rojas et Luciano Ortiz
Soirée de projection réunissant les films des artistes étudiant·es et récemment diplômé·es de l’ENSAPC. Comment une pensée actuelle et millénaire sur notre lien avec le vivant influence-t-elle une plus jeune génération d’artistes ?
Avec les films de :
Yeongseo Jee – A Remaining Tunnel, 2025, 20 min
Louise Guegan – 2 rue de Lyon, 2025, 17 min
Emma Fleury- Cancoüet – La petite déforestation, 2024, 16 min
Lorena Almario Rojas et Luciano Ortiz – Forêts latentes, vibrations permanentes, 2025, 30min, numérique
SAMEDI 3 MAI, 15h-18h
Atelier proposé par YBY collectif avec Elias Galindo Lopez, Lorena Almario Rojas, Luciano Ortiz
YBY est un collectif composé par des étudiant·es de l’ENSAPC venant des Amériques. Qui est YBY ? Le mot « YBY » signifie « terre » en Tupi ancien, une langue ancestrale qui a donné naissance à de nombreuses langues parlées en Amérique du Sud. YBY est également l’abréviation de « Yawari. Bacha. Yawa. » Cette expression peut être traduite par « Rêvant du temps de retourner chez soi. » C’est une phrase presque illisible, composée de mots provenant de différentes langues autochtones du continent sud-américain, spécifiquement Araweté, Kichwa et Pikuna. Ce mélange informe reflète notre condition de descendant·es de peuples autochtones qui furent victimes de génocide. Nous avons été arraché·es à nos racines, à nos peuples et à nos langues par tant de violences que, souvent, nous nous sentons perdu·es quant à qui nous sommes. Cependant, nous portons un rêve presque secret : l’espoir qu’un jour nous (re)trouverons notre lieu, même sans connaître le chemin. YBY est une terre fertile et vise à être un espace de questionnement et de recherche, pour se reconnecter à l’ancestralité, pour le dialogue, l’oralité, l’échange et l’accueil. C’est la fleur et le fruit des diverses technologies de résistance développées par plus de 800 peuples qui existent encore en Amérique du Sud. Ces technologies nous ont permis d’être ici aujourd’hui, à vous écrire, vivant·es, conscient·es, équipé·es de culture, de résilience et de nombreuses questions. A travers la recherche et l’art, nous cherchons à savoir pour imaginer, donner forme à de nouveaux mythes qui peuvent reconnecter l’histoire ancienne avant la colonisation avec l’histoire contemporaine. Ainsi, nous facilitons la construction d’un avenir ancestral, où la diversité des manières de faire, de sentir, de savoir, d’exister, de créer et de transmettre, n’est pas réduite à la norme eurocentrique actuelle.
Cet atelier propose de réfléchir avec le corps et la pensée les contradictions qui découlent de parler des territoires, paysages et d’êtres périphériques dans des contextes liés à l’art contemporain. Cet atelier est particulièrement adressé à des artistes émergent·es et étudiant·es qui se sentent concerné·es par ces types de recherche.
Durée : 3 heures
SAMEDI 17 MAI, 17h-21h
Finissage
Avec les performances de Soli Jeon et Yeongseo Jee
Les disparus, les insufflés et le souffle, performance de Soli Jeon
Durée : 20 minutes
Dirty Fence 더러운 울타, performance de Yeongseo Jee
Durée : 25 minutes
La parcelle, 10 décembre de 2021, archives lieux-passerelles, entours.
BIOGRAPHIES
Lorena Almario Rojas
Née à Cali, Colombie, vit et travaille à Paris, France.
Lorena grandit dans un milieu de classe moyenne et elle est la deuxième génération de sa lignée maternelle à être témoin de la perpétuation de la violence coloniale dans son contexte d’origine. Sa pratique artistique questionne, à travers des méthodologies du soin, comment désarticuler cet apprentissage de la violence. Son processus artistique débute avec l’écriture comme cheminement intime et solitaire, pour ensuite construire des “lectures-performées” montrées dans des festivals de performance tel que le Festival EXTRA! (2022) au Centre Pompidou. Depuis 4 ans, Lorena Almario et le cinéaste Luciano Ortiz ont entamé une pratique filmique. En tant que duo, iels tentent de reconnaître les blessures des territoires qui les ont vus grandir, de les aborder avec soin et responsabilité à travers l’image. Son court-métrage Havre a eu sa première mondiale au Festival International de Documentaire de Santiago (FIDOCS).
Dylan Altamiranda
Né à Baranquilla, Colombie, vit et travaille à Paris, France.
Diplômé de ENSAPC en 2021 et de l’EHESS en 2023, ses recherches portent sur la place du fantastique dans la construction de l’histoire et, en particulier, celle de l’Amérique. À partir du dessin, il travaille sur des archives qui évoluent vers des projets permettant de réexaminer et de réimaginer la manière dont les récits d’histoire sont construits, à travers des lectures transhistoriques et l’identification d’images, d’imaginaires et de fantômes (Warburg). Dylan Altamiranda a exposé dans différents espaces en France et en Colombie, il a réalisé des expositions individuelles au Colegio de España (2024) et à l’Espace Bouchor à Paris, ainsi qu’au Musée des Caraïbes (2018) en Colombie. De plus, il a entre autres participé aux expositions collectives au Musée d’Art Contemporain de Bogotá (2024), la Galerie Plural Nodo Cultural de Bogotá (2022), le Festival Art & Humanités #3 à Cergy (2021).
Emma Bougaeff
Née à Paris, France vit et travaille entre Paris et Maisons-Alfort, France.
Par un travail principalement sculptural, Emma Bougaeff soulève des questions liées aux règnes du vivant, au corps humain et végétal, à leurs liens affectifs ou encore physiologiques, mais aussi aux récits et souvenirs cristallisés par le végétal. Elle développe une obsession pour l’épiderme, et un besoin de voir et comprendre les choses chirurgicalement. Ses différents projets sont infusés de connaissances provenant de domaines tels que la biologie, la botanique, la psychologie et l’anatomie. Diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy, elle a exposé au Musée Yves Brayer à Baux-de-Provence (2023), dans l’exposition « En Écho » à Triel sur Seine, à l’Espace Icare d’Issy les Moulineaux et elle a participé au chantier du paysagisme avec Fabien David de l’École du paysage et de la Transition écologique à Pont-de-Buis-le-Quimerch (2023). Elle a également une formation de dessin scientifique au Musée National d’Histoire Naturelle de Paris et travaille actuellement en tant que coloriste en prothèse esthétique.
Paul Caillard
Né à Toulouse, France, vit et travaille à Cergy, France.
Dans un atelier ou dans un arbre, le monde se fabrique; chaque forme porte en elle l’empreinte d’un mouvement, d’une histoire. Paul Caillard explore la poésie des transformations, là où matière et forces s’épousent. Les machines et outils qu’il crée, véritables prolongements du vivant, sont des ponts sensibles, des passerelles entre les actions humaines et naturelles. Dans une danse fragile, ses œuvres capturent une harmonie essentielle, celle d’un monde en perpétuelle métamorphose.
Lou Dalifard
Née à Paris, France vit et travaille à Paris, France.
Sa pratique artistique s’articule autour de la photographie et de la céramique. Dans ces deux domaines, elle s’intéresse aux récits collectifs et particuliers, aux symboles, aux mythologies qui façonnent notre imaginaire. Historienne de l’art de formation, elle puise ses inspirations dans les formes antiques et médiévales en ce qui concerne la céramique, ainsi que dans l’histoire de la peinture pour la photographie.
Emma Fleury-Cancouët
Née à Rennes, France, vit et travaille à Cergy, France.
Emma Fleury-Cancouët fabrique des sculptures, écrit des textes et filme sans équipe technique. Ses installations sont des lieux-récits dans lesquels se sont déposées différentes strates de narration. Son travail s’amuse des paradoxes, il est tourné vers l’autre, investi par ses relations et toujours en train d’entraîner son œil à regarder le monde. Elle fait feu de tout bois, d’ailleurs, elle entretient dans ses sculptures un lien tout particulier avec ce matériau qui présente autant une facette industrielle et transformée qu’une origine organique : “brute”, le bois est un témoin des entremêlements du vivant. Dans ses dernières recherches, elle interroge son héritage familial, ayant grandi dans un milieu d’agriculteur·ices morbihannais·es, pour s’intéresser au statut des campagnes contemporaines. Elle le raconte dans un recueil de nouvelles intitulé News Agri qui parle du quotidien des fermiers·ères et du lien délicat et essentiel qu’iels entretiennent avec leurs paysages.
Kwama Frigaux
Née à Paimpol, France, vit et travaille à Paris, France.
Kwama Frigaux collecte les rebuts qui peuplent notre vie intime et collective – verre securit, contenants jetables en plastique, aluminium alimentaire, plaquettes de médicaments vides – pour en faire des objets sensibles qui nous interrogent. Collectés, lavés, peints et assemblés, ces rebuts parfois porteurs d’histoires traumatiques sont transformés en sculptures, en tapis luminescents, en vitraux malléables, en installations. L’agencement des couleurs jouant avec les parties translucides ou opaques des matériaux, le travail de découpage, d’assemblage et de broderie déplace le regard que nous portions sur ces déchets et leur reconfigure un devenir, un potentiel plastique évocateur d’autres objets, d’autres usages et fonctions possibles et plus réparatrices du monde qui nous entoure.
Elias Galindo-Lopez
Né à Guanajuato, Mexique, vit et travaille à Paris, France.
Danseur, chercheur et artiste plasticien, Elias Galindo-Lopez explore les intersections entre la sculpture, l’installation, le son et la performance. À travers ses propositions artistiques, il traduit des pratiques culturelles qui façonnent l’identité tels que les rituels, les vêtements, les chansons et le langage… Passionné par le syncrétisme culturel, il questionne ce qui unit les différentes sources de savoir et dans quelle mesure les légendes d’une culture résonnent avec celles d’une autre. A la fois “ Latino-américain ”, européen, humain, animal, végétal ou minéral, son travail s’inscrit dans un espace liminal, à la frontière de plusieurs définitions : ce que nous sommes et ce que nous ne sommes pas, ce qui nous unit, ce qui rend chacun·e semblable à l’autre, et ce qui, dans l’échange des savoirs, nous rapproche.
Louise Guegan
Née à Grenoble, France, vit et travaille Paris, France.
Louise Guegan obtient son DNA à l’ENSAPC en 2022, en présentant un travail autour du ciment et du béton. Son intérêt pour ce matériau industriel provient d’un travail de recherche mené sur Grenoble, sa ville natale et le quartier dans lequel elle a grandi. Elle tente de démêler les différents fils qui se croisaient tous à cet endroit, témoin de l’histoire du siècle dernier : le rapport à l’industrie du ciment à l’échelle de toute la ville, le mal logement, le délabrement et les souvenirs de son enfance. La plupart du temps elle travaille en explorant un même sujet sur la durée, en passant par ses ramifications, avançant plutôt tout autour et en dessous que droit devant. Elle a recours à la vidéo et à l’installation sculpturale pour témoigner de ses recherches. Elle intègre progressivement l’écriture et le dessin à sa pratique à travers plusieurs projets éditoriaux menés notamment avec Selma Hyka et Mariama Conteh, artistes et étudiantes à l’ENSAPC.
Myriam Houri
Née à Paris, France, vit et travaille à Cergy, France.
Artiste pluridisciplinaire née en 1999, c’est en 2018 qu’elle entreprend de nombreuses recherches sur le vivant, ses évolutions, ses transformations. Elle expérimente différents médiums et crée des installations où elle questionne la relation entre l’Homme et son environnement, tout en intégrant à sa réflexion les enjeux environnementaux actuels. Portée par un intérêt pour l’Histoire et les récits, elle explore ce qui l’entoure par le prisme du vivant. Elle prête une attention toute particulière à l’écoute et à l’observation, cherchant à dévoiler les structures invisibles, les racines, le squelette de ce qui se présente à elle.
Lou-Pepita Iribarne Carpentier
Né.e aux Lilas, France, vit et travaille à Cergy, France.
Iel tente d’imaginer des espaces-moments collectifs d’échange, de partage, de transmission. Des événements, des ateliers, ou des installations comme des promesses de mutualisme, de symbiose, inter et intra-espèces. Lou-Pepita aime autant l’humain, que le pigeon, la graine et l’arbre. Planter, prendre soin, voir pousser, (se) transformer, et proposer une autre vie-sion d’être et de faire ensemble.
Yeongseo Jee
Née à Séoul, en Corée du Sud, vit et travaille à Anvers, Belgique.
Arrivée en France en 2020 pour ses études d’arts, elle continue son parcours en tant que performeuse et artiste pluridisciplinaire. Son écriture, ses performances, ses vidéos et ses interventions s’articulent autour de son corps et de sa voix. À travers différents protocoles et gestes, l’artiste invite le·a spectateur·ice à se confronter à des altérisations de l’espace et à explorer les rapports intimes. En faisant appel à une forte empathie, elle se réapproprie les espaces dans lesquels elle intervient pour imaginer une “intimité radicale” où il devient possible de démanteler nos perceptions occidentalo-centrées. L’artiste cherche ainsi à interroger notre réception culturelle et à humaniser des corps objectifiés. Elle s’intéresse également au concept linguistique de contamination.
Soli Jeon
Née à Namyangju, Corée du Sud, vit et travaille à Paris, France.
Le travail de Soli Jeon réunit des expériences vécues, l’observation d’objets et l’étude des relations humaines pour en former des “récits de révélations”. Sa pratique artistique réunit la vidéo, la photographie et la poésie. En partant d’un questionnement sémantique elle s’affranchit des conventions institutionnelles pour questionner les limites de notre perception. Lorsqu’un objet semble n’avoir qu’une définition, elle superpose à cet objet la définition d’un autre, libérant ainsi l’objet de sa détermination tout en proposant une nouvelle lecture, loin de toute fonctionnalité. Dans son mémoire de Master, elle pose la question : « L’ombre de l’œuvre appartient-elle à l’œuvre ? », interrogeant ainsi le moment où l’invisible devient visible.
Shumeng Li
Née à Quanzhou, en Chine, vit et travaille à Paris, France.
Artiste sonore qui travaille avec des médiums mixtes, elle utilise le son comme matière pour interroger le concept de « standard » à travers l’acte d’écoute. Son travail est diversifié et souvent spécifique au site, intégrant des paysages sonores avec des éléments visuels. Actuellement en formation à l’ARRC en recherche-création à l’ENS Paris-Saclay, elle obtient une licence en Médiation Culturelle de la Musique à La Sorbonne Nouvelle en 2021 et poursuit ses études en obtenant son DNA en 2022 et son DNSEP en 2024 à l’ENSAPC. Elle a également participé à un programme d’échange à Central Saint Martins – University of the Arts, London en 2024. Son travail a été présenté en France à : la Scène de Recherche de l’ENS Paris-Saclay, à Sciences-Po Lille, à Points Communs-Théâtre 95 et au Parc Anne et Gérard Philipe et en Angleterre à la Goldsmiths University of London, à OPENing et à la Lethaby Gallery de Central Saint Martins.
Gaëtane Martinot
Né.e à Paris, France, vit et travaille à Cergy, France.
Gaëtane Martinot est un.e réalisateur.ice/artiste/archiviste. Après deux ans d’études à l’École européenne supérieure d’art de Bretagne à Quimper, iel rejoint en 2021 l’École nationale supérieure d’arts de Paris Cergy et obtient son DNSEP en 2024. Au travers de films, pièces sonores, photographies, ou éditions, son travail explore les histoires quotidiennes et extraordinaires de lieux et de gens. Comme point de départ il y a les rencontres et les lieux que l’on habite ou que l’on traverse : de l’espace privé à l’espace urbain, de celui intime à celui que l’on partage. En côtoyant toujours de près ou de loin le documentaire, Gaëtane Martinot tente de cartographier ces territoires – physiques ou non – qui se développent en dehors des chemins tout tracés. De donner à voir ces histoires à la marge.
Luciano Ortiz
Né à San Felipe, Chili, vit et travaille à Paris, France.
Cinéaste, vidéaste et photographe originaire de San Felipe, au Chili, il se consacre à l’exploration de moyens technologiques de production d’images, à la fois numériques et analogiques. Luciano Ortiz interroge l’histoire du sud global, ses processus de colonisation et la façon dont ces derniers sont présents encore aujourd’hui. Il travaille en collaboration avec l’artiste colombienne Lorena Almario depuis 2020. Ensemble, iels se dédient principalement à la création de films qui dialoguent entre le documentaire et la fiction pour explorer de nouvelles possibilités de narration. Luciano Ortiz et Lorena Almario montent actuellement leur deuxième film, Prières métisses, tourné à Cali, en Colombie.
Elea Roussel
Née à Rome, Italie, vit et travaille à Paris, France.
D’un père français et d’une mère italienne, elle grandit influencée par deux cultures depuis sa naissance. Les paysages romains de son enfance cherchent éperdument une petite faille où se glisser, où elle pourrait les retrouver, des histoires mousseuses et humides, qu’elle retrouve dans certains coins de la ville nouvelle – Cergy – depuis son arrivée à l’école en septembre 2021. Actuellement en 4ème année, elle développe un dialogue entre les espaces, qu’ils soient architecturaux ou ruraux, sous la forme de pièces sculpturales ou de photographies. Elle aime mettre en lumière des récits de lieux et de personnes mais aussi les récits d’une histoire collective. Ce récit imaginaire s’inspire des archives Lieux-passerelles, entours. et passe par les différents espaces, menant à une toute autre lecture du lieu.
Camille Simon Baudry
Née dans les Mauges, France, vit et travaille à Paris, France.
Cinéaste et artiste sonore, elle développe un cinéma sensible au rythme de la vie. La cicatrisation des violences engagées, l’hégémonie humaine telle qu’elle se présente passe par l’évaporation des frontières, par la dissolution des individualités, par l’entremêlement des sentiences et des éléments, pour tendre vers un rapport nouveau ou renouvelé à nos existences dans le tissu terrestre. Pendant ses années cergypontaines (2018-2021), Camille Simon Baudry n’a cessé d’intensifier sa collaboration avec la région et les entours de la ville de Cergy, menant notamment à la réalisation de son court-métrage de fiction La Respiration de Cristal en 2021. En consacrant un regard personnel, attaché aux marges et aux détails de l’agglomération, elle cherche à contrer les logiques à l’œuvre dans un territoire pensé depuis 50 ans par « en haut », à partir de plans, de projections architecturales et de notions qui dégradent la relation de l’habitat, et des habitant·es, à la profondeur de la terre habitée : « ville-paysage », « promenade », « port de plaisance », « base de loisirs ». Cette vision fonctionnelle et organisationnelle de l’aménagement et du développement urbain, commune somme toute, place une fois de plus les vies marginales en dehors de ses calculs et ne s’intéresse aux présences animales et végétales que comme des charmes « utiles », prédisposant une population de consommateur·ices à un certain « bien-être » (de ce même « bien-être » qui suppose la construction d’un centre commercial climatisé « à proximité »).
Greta Tessitore
Née à L’Aquila, Italie, vit et travaille à Paris, France.
Née en Italie, elle grandit en Espagne mais suit une éducation française. Son travail s’articule autour de ces trois langues et cultures. Elle donne forme à ses réflexions et expériences en produisant des installations, des sculptures en crochet, des peintures ou des vidéos. S’intéressant à l’histoire de l’art et notamment à la peinture du Trecento jusqu’au Cinquecento, elle questionne dans quelle mesure la peinture dialogue avec le présent et peut être source de réponse à des problématiques actuelles. Dans son travail, elle observe cette transformation intime que l’art permet d’éprouver autant du côté de la création que de la réception. Il ne s’agit pas de la simple perturbation causée par une émotion esthétique, mais d’une véritable mutation de perspective, d’une révélation soudaine et d’une vision du monde alternative. Pour elle, « l’art est sous toutes ses formes une pratique de questionnement plutôt que de confection de réponses. Sa fonction est accomplie quand par ses biais le·a spectateur·ice est induit·e à se mesurer avec des scénarios et points de vue nouveaux. Dans le contexte actuel, l’art est aussi une pratique de résistance. Le pratiquer correspond aussi à la volonté d’affirmer les raisons de la créativité face à celles de la production, dans la conviction que la première est essentielle pour corriger les dérives technocratiques qui affligent notre monde, tout comme pour préserver les êtres vivants qui convivent avec nous. »
Yu-Wen Wang
Née à New Taipei, Taïwan, vit et travaille à Paris, France.
Depuis plusieurs années, Yu-Wen Wang développe un projet évolutif autour de la création d’un pays imaginaire intitulé « Des collines avec des arbres qui frappent la lune, la mer et un souffle de vent qui colle à la peau », en s’appuyant sur des éléments préexistants de ce monde. Elle cherche à retracer les entrelacements qui émergent le long des marges : langue, mémoire diasporique et paysage. Ses recherches, menées à travers des perspectives historiques, politiques et géographiques font écho à la discontinuité de l’histoire coloniale de Taïwan et aux blessures qui en découlent. Sa pratique explore les frontières, perçues à la fois comme des espaces étatiques et des lieux de mémoire. À travers des installations, des films, des créations sonores et des performances, elle interroge les archives, les images en mouvement, les gestes et le son, révélant des fragments de mémoire qui se réfugient dans les fissures et qui témoignent des blessures.
La parcelle, 10 décembre de 2021, archives lieux-passerelles, entours.